Cette carte fait partie d’un ensemble de 10 cartes animées portant sur Histoire de l’Inde contemporaine
Les révoltes de forêts dans l’Inde coloniale ont été longtemps masquées par les grands mouvements nationalistes qui ont conduit à l’indépendance. Elles ont pourtant été un terrain de lutte intense dans des zones éloignées des centres de pouvoir où se déroulent les combats politiques.
L’évolution vers une agriculture commerciale, l’extension des plantations, le développement des réseaux de transport conduisent l’état colonial à s’attaquer aux principales forêts du pays, qui constituent un cinquième du territoire : dans les Ghats occidentaux, sur les contreforts de l’Himalaya, dans le centre et dans le Nord-Est.
Les Britanniques prétendent protéger les espèces forestières à travers une série de lois, les « Indian Forest Acts », et la constitution de réserves forestières.
Pourtant, ces lois mettent fin aux droits coutumiers des populations tribales et paysannes. Elles empêchent les éleveurs ou les chasseurs-cueilleurs d’accéder aux produits forestiers et à la chasse, interdisent les jachères traditionnelles et obligent des populations nomades à adopter une agriculture sédentaire, parfois synonyme de travail forcé. Privées de leur habitat naturel et de leurs moyens d’existence, ces populations se tournent parfois vers le banditisme.
Des révoltes tribales éclatent. Elles vont de délits individuels tels l’usage des produits forestiers, le pâturage du bétail ou le défrichement, jusqu’aux incendies de forêts, de postes de police, ou le sabotage des lignes télégraphiques.
Ces révoltes locales ne sont ni coordonnées, ni orchestrées d’en haut, mais elles sont nombreuses, d’autant plus que les princes indiens imitent la législation britannique.
Les partis nationalistes trouvent dans ces mécontentements un appui pour élargir leur base politique. Des populations marginales reprennent ainsi leurs actions contre le paiement des impôts et rallient le mouvement de désobéissance civile en 1930.
Les Britanniques cherchent à accommoder des pratiques traditionnelles de ces groupes. Ils adoptent la méthode « taungya » qu’ils avaient élaborée en Birmanie au 19e siècle, qui permet des cultures vivrières à l’abri des arbres.
Bien que ces révoltes ne soient pas aussi spectaculaires que les mouvements de masse, elles reflètent deux rapports diamétralement opposés à l’environnement : une relation coutumière aux ressources forestières, dans le respect des légendes et des mythes des populations locales, et une logique économique de l’état colonial qui compte préserver les ressources forestières pour ses fins propres. C’est cette dernière politique qui sera poursuivie après l’indépendance.