Cette carte fait partie d’un ensemble de 10 cartes animées portant sur Histoire de l’Inde contemporaine
Le Nord-Est, qui correspond à l’ancienne région de l’Assam dans l’Inde britannique a été progressivement réorganisé en 8 États. De l’entité d’origine ont été graduellement détachés, le Nagaland (1963), le Manipur (1972), le Meghalaya (1972), le Tripura (1972), le Sikkim (1975), l’Arunachal Pradesh (1986) et le Mizoram (1987). L’ensemble couvre 262 500 km2, soit 8% de la superficie totale de l’Inde et compte 45.6 millions d’habitants dont plus de 8 millions appartiennent aux populations tribales.
La région est le foyer de multiples groupes ethniques qui parlent plus de 400 langues. Ces différences ont été peu prises en compte dans les réorganisations territoriales successives et nourrissent des revendications violentes pour l’autonomie. De plus, l’immigration illégale, en provenance principalement du Bengale et du Bangladesh, renforce le sentiment des populations locales d’être dépossédées de leur territoire et de ses ressources comme le pétrole ou le thé.
Afin de contrôler ces rébellions, l’État indien a adopté en 1958 l’Armed Forces Special Act, qui dote l’armée de pouvoirs spéciaux. À l’exception du Tripura qui l’a supprimée en mai 2015, cette loi est toujours en vigueur et les populations sont prises en otage dans les affrontements entre les rebelles et l’armée indienne.
2000 kilomètres séparent le Nord-Est de Delhi et l’étroitesse du couloir de Siliguri, par lequel se font les communications avec le reste de l’Inde, a creusé un fossé entre ces populations et le reste du pays. Culturellement et linguistiquement insérées dans l’Asie du Sud-Est, ces régions sont frontalières avec le Myanmar, la Chine, le Bhoutan, le Népal et le Bangladesh ; elles constituent un enjeu stratégique pour l’Inde, notamment dans le cadre de la Look East Policy, formulée en 1991 et par laquelle l’Inde veut se positionner comme un acteur de premier rang en Asie du Sud-Est.
L’alliance entre les groupes séparatistes pour former un front national uni pour la libération de l’Asie du sud-est occidentale (UNLFWSEA) a changé l’échelle du problème. Le Nord-Est commence à s’imposer parmi les questions nationales jusque-là dominées par l’opposition entre hindous et musulmans.
La création en 2001 d’un ministère pour le développement du Nord-Est vise à favoriser la croissance économique, notamment en améliorant les communications par la construction d’autoroutes, et à mieux intégrer ces régions dans le champ culturel indien. Cette politique s’intègre dans le schéma « North-East Vision 2020 ».