Les conquêtes de Justinien

Le 1er juillet 527, Justinien est couronné empereur à Byzance. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que l’on désignera cet empire sous le nom « d’empire byzantin » : à l’époque, il s’agit tout simplement de l’empire romain d’Orient.

À cette date, celui-ci reste une très grande puissance méditerranéenne, connue pour la taille de son armée et de sa flotte, ainsi que pour la richesse de ses villes, notamment de sa capitale.

Justinien, très ambitieux, désire reconstituer l’ancien empire romain : il lui faut donc conquérir l’Occident, qui depuis un siècle a progressivement échappé à l’autorité des Césars. Malgré un règne marqué par une grave épidémie de peste, « la peste justinienne », l’empereur remporte de nombreuses victoires.

Dans les Balkans, Justinien consolide les fortifications frontalières nécessaires pour contrer les incursions de peuples nomades comme les Avars ou les Bulgares. Il conforte ainsi l’influence religieuse et économique de Byzance sur cette large région.

À l’est, Justinien hérite d’une longue guerre avec le puissant empire perse, marquée par l’alternance des succès et des échecs. En 532, les deux empires concluent une « paix perpétuelle »… mais celle-ci dure en fait très peu de temps. En 541, la ville d’Antioche est prise par les Perses ; pourtant, ces derniers ne parviennent pas véritablement à consolider leur domination et malgré vingt ans d’une guerre presque permanente, le tracé de la frontière entre les deux empires change peu.

Ce n’est pas le cas en Occident. En 533, Bélisaire, le meilleur général romain, mène une armée au cœur du royaume vandale et prend Carthage, sa capitale. Dans la foulée, il s’empare de la Corde et de la Sardaigne et réimpose l’autorité impériale sur une grande partie du littoral africain, même si les révoltes seront nombreuses par la suite.

En 536, au nord de la Méditerranée, Bélisaire mène l’offensive contre le royaume ostrogoth. Il s’empare de Rome, puis de Milan et enfin de Ravenne en 540. Mais la réouverture du conflit contre les Perses à l’est permet aux Ostrogoths de reprendre l’initiative. La seconde « guerre des Goths » dure de nombreuses années, jusqu’au triomphe final des Romains en 552, avec la bataille du Vésuve. La guerre a ruiné la péninsule italique : Rome, prise et reprise au moins quatre fois en 20 ans, voit fondre sa population : les habitants ne sont maintenant plus que 30 000, quand la Rome du IIe siècle en accueillait autour d’un million…

En 552, Justinien profite de troubles internes au royaume des Wisigoths pour reconquérir une partie du sud de la péninsule Ibérique, mais l’autorité impériale y reste très fragile.

À la fin de son règne, en 565, Justinien n’a certes pas réussi à reconstituer l’empire romain à son apogée : mais il a refait de la Méditerranée une mer dominée par Byzance.