Cette carte fait partie d’un ensemble de 13 cartes animées

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L’émergence d’Israël en Canaan d’après les données de l’archéologie

Cette carte fait partie d’un ensemble de 13 cartes animées portant sur La bible et l’histoire


Le récit biblique de la conquête de Canaan dans le livre de Josué ne correspond pas aux données de l’archéologie, que nous allons explorer à travers cette carte. 

La conquête est supposée avoir eu lieu au cours de la deuxième moitié du 13ème siècle avant notre ère. Une stèle célébrant une victoire du pharaon Mérenptah en 1207 avant notre ère témoigne de l’existence d’un groupe humain nommé Israël en Canaan à cette époque, mais elle témoigne aussi de la permanence de villes cananéennes comme Guézer qui d’après le livre de Josué auraient pourtant été conquises par les Israélites.

Par ailleurs, le texte de la stèle déclare qu’Israël a été anéanti. Il s’agit bien sûr d’une exagération rhétorique, mais cela renforce l’idée qu’Israël est un petit groupe humain parmi d’autres en Canaan, et non le peuple dominant que décrit le livre de Josué.

Les fouilles effectuées sur les sites de Jéricho et de ‘Aï infirment également la validité historique du récit biblique. Dans la deuxième moitié du 13ème siècle avant notre ère, Jéricho était déjà largement à l’abandon et n’avait pas de murailles – la scène biblique de la chute des murailles de la ville est donc sans fondement. Quant à Aï, ville importante à l’âge du Bronze ancien vers 2400 avant notre ère, elle connut ensuite une période de déclin total, et était dépeuplée à la fin du 13ème siècle époque supposée de sa prise par les Israélites.

Si le récit de la conquête n’est pas fiable d’un point de vue historique, quelle est alors l’origine d’Israël ? Comment ce groupe humain est-il arrivé en Canaan ?

D’après l’archéologue Israël Finkelstein, Israël est, au moins en partie, un peuple autochtone. Des fouilles effectuées à partir de 1967 ont permis d’identifier des cycles de peuplement dans la région des Hautes Terres, qui éclairent d’un jour nouveau la question de l’émergence de l’Israël antique.

Finkelstein distingue trois phases : une première installation (sédentarisation ?) de populations au Bronze ancien, entre 3500 et 3000 avant notre ère.

Ces villages et hameaux sont ensuite abandonnés, puis repeuplés au bronze moyen, entre 1800 et 1500 avant notre ère. Dans cette deuxième phase, le réseau de villages devient beaucoup plus dense.

Faisant suite à un nouvel abandon, une troisième vague de peuplement intervient au début de l’âge du fer, aux 12ème et 11ème siècles avant notre ère.

À compter de cette époque, les villages et les hameaux demeurent habités jusqu’à la période des royaumes d’Israël et de Juda et cette dernière vague d’implantation peut donc être qualifiée de « proto-Israélite ».

Cette alternance d’occupation et d’abandon des mêmes sites laisse penser que ce sont probablement les mêmes populations de pasteurs nomades qui se sédentarisent de manière périodique dans la zone des Hautes Terres. Cette sédentarisation étant sans doute liée à des événements climatiques ou politiques.

Ce qui différencie néanmoins les populations de la troisième vague de celles des vagues précédentes ainsi que des populations à l’extérieur de la zone des Hautes Terres à la même époque est l’absence totale d’ossements de porc retrouvés lors des fouilles archéologiques.

Israël serait donc à l’origine un groupe autochtone de Canaan ou des environs, qui se serait installé de manière pérenne dans les Hautes Terres au début de l’Âge du Fer, sans recours à la violence, avant de se structurer par la suite en royaume(s).