Cette carte fait partie d’un ensemble de 12 cartes animées portant sur Jérusalem histoire d’une ville-monde
Le siège et la prise de Jérusalem par les légions de Titus en 70 constituent les évènements décisifs de la guerre judéo-romaine qui met fin à la première révolte juive contre l’Empire.
L’épisode est minutieusement décrit par l’historien juif Flavius Josèphe, qui se trouve sur place.
Pour contourner les défenses naturelles que constituent les profondes vallées situées à l’ouest, au sud et à l’est, les troupes romaines se lancent à l’assaut des murailles de la ville par le nord.
Le 24 juillet 70, la forteresse de l’Antonia est prise.
Le 10 août, le portique nord-ouest qui la reliait au Temple est détruit.
Le 30 août, le sanctuaire est incendié puis toute la ville est rasée ; les murailles sont également abattues à l’exception des trois tours hérodiennes.
Durant un demi-siècle, Jérusalem ne sera pas véritablement repeuplée. La ville est placée sous la surveillance de la Xème légion, la légion Fretensis, dont le camp est installé sur le mont Sion et peut-être au sud du mont du temple. Ce camp construit en bois n’a pas laissé de traces archéologiques mais les nombreuses tuiles et briques en argile estampillées des emblèmes de la légion attestent la longue présence de cette dernière sur le site.
En 129 de notre ère, l’empereur Hadrien décide de rebâtir Jérusalem et d’y fonder une colonie romaine sous le nom d’Aelia Capitolina. Cette décision est à l’origine de la dernière grande révolte juive contre Rome, la révolte dite de Bar Kokhba ou de Ben Kosiba entre 132 et 135, qui conduit l’empereur à interdire la ville aux Juifs.
Aelia Capitolina est reconstruite selon un plan orthogonal classique des villes romaines. On retrouve encore lisible, dans la vieille ville actuelle, le tracé des deux cardos nord-sud qui partent de la porte nord, appelée alors porte de la Colonne, (l’actuelle porte de Damas) : le cardo maximus et le cardo secondaire qui correspond à la rue al-Wad actuelle.
Quant au decamanus maximus, d’orientation est-ouest, il correspond à la rue de David actuelle et forme la frontière entre la partie militaire et la partie civile de la ville.
Les rues romaines quadrillent un espace urbain réduit par rapport à la Jérusalem d’Hérode et qui est sans doute sans muraille du fait de la présence de la Xème légion.
Dans la colonie romaine, les cultes païens sont substitués au culte juif. Un temple dédié à Jupiter capitolin est construit, soit sur le côté nord du forum de la colonie qui correspond au Muristan actuel, soit sur le mont du Temple, puisque certains témoignages y font état de la présence de deux grandes statues impériales.
Selon une autre hypothèse, cette acropole aurait été laissée à l’abandon ; en tout cas, il est certain que les ruines du temple d’Hérode servent de carrière pour la construction d’autres bâtiments et qu’une partie de l’ancienne esplanade est labourée et cultivée.
D’après la seule évocation tardive des monuments de l’Aelia romaine, due à une chronique byzantine, la ville était équipée de la panoplie classique de l’urbanité romaine : thermes, cirque, portiques marchands et même un théâtre, mais leur localisation reste incertaine. En 2017, on a retrouvé un petit odéon en demi-cercle, dans les fouilles souterraines à l’ouest du Mur occidental, qui remonte très certainement à cette époque.
L’arc de l’Ecce Homo, situé au nord-ouest de l’esplanade, est un des rares monuments de cette époque encore visible aujourd’hui, mais on ne sait pas s’il s’agissait d’une véritable entrée marquant les limites de la ville, ou plutôt d’une porte symbolique dans une ville désormais ouverte.
En tout cas, Aelia Capitolina est bien une ville romaine, et l’usage du nom Jérusalem ne refera timidement son apparition qu’à partir du IVe siècle, au moment de la première christianisation de la ville suite à la conversion de l’empereur Constantin.