Cette carte fait partie d’un ensemble de 28 cartes animées portant sur L'Europe et les Nations 1815-1914
La carte de l’Europe est maintenant très différente de celle tracée par les négociateurs du Congrès de Vienne. Six grandes puissances dominent le continent et se donnent vocation à intervenir dans les affaires internationales.
- Au centre de l’Europe, trois puissances occupent un espace encore morcelé en 1815 : l’Empire austro-hongrois, devenu une double monarchie, reste un État multinational où chaque royaume possède ses propres minorités ; sa situation l’incite à élargir sa zone d’influence dans les Balkans. L’Empire allemand et l’Italie ont réalisé leur unité, mais doivent encore en assurer la cohésion.
- À l’est, l’immense Empire russe s’étend de la Pologne au Pacifique ; il englobe des peuples divers en Europe et en Asie. Le tsar s’emploie à maintenir l’unité de cet empire et s’efforce d’étendre son influence par une politique panslave en direction des Balkans.
- À l’ouest, la France et l’Angleterre ; nations les plus anciennement constituées et les plus démocratiques, déploient des politiques coloniales concurrentes.
Cependant, des insatisfactions subsistent chez les peuples dont la vocation nationale n’a pas été prise en compte. Des revendications fondées sur la langue, la religion, la culture se multiplient à l’intérieur des États constitués : États-nations ou empires multinationaux.
Face à ces mouvements, les États cherchent à renforcer leur cohésion, parfois au prix de certaines concessions :
- Les Russes tentent de diviser pour régner en Finlande et dans les Pays Baltes.
- Les Hongrois pratiquent une politique de magyarisation qui mécontentent les Croates et les Roumains.
- L’Autriche cherche à trouver, en Bohême, un compromis entre les populations allemandes et tchèques.
- L’Angleterre pense résoudre la question d’Irlande grâce à un projet d’autonomie pour l’île.
Certaines revendications aboutissent. L’Islande obtient progressivement du Danemark son autonomie politique, la Norvège fait reconnaître son indépendance par la Suède, tandis que dans les Balkans de nouveaux États se constituent sur les ruines de l’Empire ottoman.
Au plan diplomatique, les relations entre les puissances se sont transformées : au concert européen espéré lors du Congrès de Vienne s’est peu à peu substitué un système d’alliances qui, à l’articulation des deux siècles, coupe l’Europe en deux blocs hostiles. D’un côté l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie regroupés au sein de la Triple-Alliance, de l’autre la France, la Russie et l’Angleterre liées par la Triple-Entente.
À l’intérieur des deux blocs, le sentiment national est exalté, chaque nation se réclamant d’une mission civilisatrice. Un patriotisme d’État destiné à renforcer la cohésion intérieure est encouragé, en particulier à travers l’école et l’armée ; il aboutit parfois à un nationalisme agressif favorisé par les crises qui secouent les blocs d’alliances.
De 1905 à 1914, celles-ci se multiplient, opposant tantôt Russes et Autrichiens dans les Balkans, tantôt Français et Allemands sur les questions coloniales.
La concertation entre puissances n’est pas abandonnée, mais la mécanique des systèmes d’alliances et la course aux armements finissent par plonger le continent dans la guerre.